133e Régiment d'Infanterie


Filiation et Campagnes


A partir du Recueil d'Historiques de l'Infanterie Française (Général Andolenko - Eurimprim 1969).

1811 : 2e régiment de la Méditerranée
1812 : 133e régiment d'infanterie de ligne
Russie 1812. Allemagne 1813-1814.
1814 : dissous
1873 : 133e régiment d'infanterie de ligne
1882 : 133e régiment d'infanterie
Grande Guerre 1914-1918 (Thann, Cernay, Mulhouse, Rodern, Aspach, Dornach, Col des Journaux, Saulcy-sur-Moselle, Ban de Sapt, Ormont, Spitzenberg).
1923 : dissous (traditions gardées par le 99e RI)
1939 : 133e régiment d'infanterie de forteresse
France 1939-1940.
1940 : dissous
1954 : recréé
20 juin 1998 : dissous

La glorieuse histoire du 133e RI par le colonel Quais

Prenant la suite du régiment de la Méditerranée qui s'illustra sous l'Empire en Russie, le 133e Régiment d'Infanterie est reconstitué à Belley le 29 septembre 1873. Formé de contingents de plusieurs régiments de ligne, puis de conscrits des Landes, du Pays de Gex et du Bugey, le premier bataillon est caserné au fort de Pierre-Châtel et à Fort l'Ecluse.
A la formation du deuxième bataillon, le commandement du corps est confié au colonel Boulanger le 1er janvier 1875. Tandis que se forme le troisième bataillon, la municipalité fait construire la caserne Sibuet qui sera achevée fin 1876.
Poussant l'instruction de la troupe, lui insuffluant l'esprit de Revanche, Boulanger fait du 133e une unité d'élite, apte à assurer sa mission de couverture de frontière au sein de la 41e division d'infanterie.
A la déclaration de guerre, le 133e se trouve au col de Bussang la nuit du 6 au 7 août 1914, il franchit le tunnel de Bussang au pas de charge, drapeau en tête débouche en Alsace. Le 9 août, il reçoit le baptême du feu pour la prise de Cernay où il subit l'assaut d'une division entière, le 13 août, il fait tomber les défenses de Mulhouse. Du 30 août au 6 septembre, il lutte sans trêve au col des Journaux pour défendre Saint-Dié. Le 15 juin 1915, il s'empare de Metzeral au-dessus de Munster, occupant de vive force les tranchées de Sommerlick. Impressionné par cet exploit, le général de Maud'huy décore le commandant du premier bataillon de sa propre Croix de Guerre et baptise les fantassins bugistes : Mes Lions du 133.
Trois semaines plus tard, à la Fontenelle, le régiment renouvelle le même exploit, faisant neuf cents prisonniers, s'emparant d'un butin considérable. Le général Joffre vient lui-même attacher la Croix de Guerre à la hampe du drapeau et cite le régiment à l'ordre de l'Armée : Le 13 juillet doit rester dans la mémoire de tous, cet ordre de l'Armée consacre votre gloire, dit le général Joffre.

De la Chapelotte à Verdun.
Toujours égal à lui-même, le régiment des Lions se distinguera en 1916, à La Chapelotte, sur la Somme, en Argonne, en 1917 à Reims et Loivre, Brimont. Le 1er Novembre 1917, il est à Verdun. Le 9 novembre, il subit le choc d'un bataillon de la Garde Impériale au bois de la Chaume, il contre-attaque dans la boue, fusillant les Prussiens à bout portant. Au mois de décembre, il encercle le village de Vaux où vient de s'illustrer auparavant le régiment de réserve 333 dans les fossés du fort de Vaux. En 1918, le 133e est en Champagne où il participera à la deuxième victoire de la Marne. L'Armistice le trouvera en Belgique où lui sera remise la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Dissous le 1er avril 1923 puis recréé en 1954, le nouveau 133e reçoit son drapeau à La Valbonne le 24 septembre 1981.
Le 133e a été cité quatre fois à l'ordre de l'Armée. Sur son drapeau à la suite des victoires de l'Empire ont été brodées les inscriptions suivantes : Alsace 1914, Aisne 1917, Marne 1918, Belgique 1918.
Le 133e RI a perdu 82 officiers, 2014 gradés et soldats, 5 officiers supérieurs furent faits officiers de la Légion d'Honneur, 49 officiers ont reçu la croix de chevalier, 385 sous-officiers et soldats reçurent la médaille militaire. Au sujet des Bugistes du 133e le général commandant la 7e armée a déclaré : Les lions d'Afrique sont les rois du désert, les lions du Bugey sont les rois du champ de bataille.

article paru dans le quotidien "Le Progrès" du 18 mai 1998


A la mémoire des Lions du Bugey

Dernier régiment de réserve de l'Ain, le 133e RI sera dissous le 20 juin (1998). Un dernier exercice a été organisé, samedi et dimanche, dans le Bugey. A Belley, le régiment a honoré la mémoire de ses combattants de la Première Guerre Mondiale.
Le 133e régiment d'infanterie est le dernier régiment de réservistes dans l'Ain. Il sera officiellement dissous le 20 juin, dans le cadre de la professionnalisation de l'armée de terre. Son effectif, composé de 700 officiers, sous-officiers ou hommes de rang, sera affecté dans différentes unités régimentaires de réserve professionnelle en Rhône-Alpes.
La transition d'une logique contrat réserve-active à celle de l'engagement à servir dans la réserve : c'est une grande page qui sera tournée pour le 133e RI.
Ce week-end, dans le Bugey, le 133e RI a effectué son dernier exercice par une marche de Bellegarde à Belley, sous la conduite de son chef de corps, le lieutenant colonel Berger, et a visité le Fort les Blancs-Pierre Châtel, autrefois tenu par le 133e RI. A Belley, le fief de ses quartiers depuis 1871, il a honoré la mémoire de ses vaillants combattants de la Première Guerre Mondiale, surnommés les Lions du Bugey.
Hier, à 11 heures, a eu lieu une commémoration au Monument aux Morts en présence des autorités civiles et militaires, avec dépôt de gerbes, remises de décorations, suivie d'un repas au quartier Sibuet.
Si la suppression de la conscription génère aussi la fin de la réserve, ce n'est pas la fin du réserviste. Une amicale des réservistes du 133e RI existe depuis 1989. Comme dans un devoir de mémoire, l'amicale entend demeurer comme un lien fort entre tous les anciens du 133e RI.

L'histoire du 133e RI.
Par tradition, le régiment de l'Ain s'est illustré sur de nombreux champs de bataille depuis l'Empire. Fondé en théorie en 1793 lors de la création des 254 demi-brigades, il prendra effectivement corps en 1812, issu du second régiment de la Méditerranée, formé par Napoléon. En 1813, il participe à la retraite de Russie, sera dissous en 1814 avec la chute de l'Empire et renaîtra en 1873 pour devenir le régiment de l'Ain, établi à Belley. Il participe à la campagne de Madagascar en 1895. Durant le premier conflit mondial, le 133e RI sera de tous les combats, et, outre la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire, ses hommes y gagneront leur surnom les Lions du Bugey. En 1915, le général Joffre lui remet la croix de guerre, le 133e RI est cité à l'Ordre de l'Armée, pour avoir fait neuf cents prisonniers.
Dissous en 1923, reformé en 1939 comme régiment d'infanterie de forteresse, il occupera la ligne Maginot, puis combattra aussi sur le canal de la Marne au Rhin. Il y capitulera. Après sa dissolution, beaucoup de ses membres s'illustreront dans les maquis de l'Ain et du Bugey.

article paru dans le quotidien Le Progrès du 18 mai 1998