210e Régiment d'Infanterie

août 1914



mois suivant


La composition du corps au départ est la suivante :
état nominatif des officiers :

5e bataillon

commandant du 5° bataillon : chef de bataillon Brusset
médecin aide major : M Chalard

17e Cie Cne de Marmier sLt Escoffier sLt Bouvet
18e Cie Cne Capitain Lt Néant sLt Huguenay
19e Cie Cne Godard Lt Turlin sLt Bollenot
20e Cie Cne Greiner sLt Guillemin Lt Valette

6e bataillon

comandant du 6e bataillon : chef de bataillon Harmand
médecin aide major : M Lambert

21e Cie Cne Huot sLt Gazin
22e Cie Cne Vilan sLt Rabiet sLt Bean
23e Cie Cne Ienn sLt Tanton sLt Gibas
24e Cie Cne de Foulleau sLt Munier sLt Breynaert

nombre total d'officiers : 36

de sous-officiers : 166

de caporaux et soldats : 2038


de chevaux : 126

9 août

Le régiment est mis en route en 2 échelons sur Châtel sur Moselle point de concentration, par voie ferrée.

Le 1er échelon composé de l'état major du régiment et du 5e bataillon quitte la gare d'Auxonne à 12h39 et arrive en gare de Darnieulle le même jour à 23h30.

Le 2nd échelon comprenant le 6e bataillon quitte la gare d'Auxonne à 18h19 et arrive en gare de Darnieulle le 10 août à 6h.


début du mois

10 août

Les 2 détachements prennent possessions de leurs cantonnements de Châtel sur Moselle, le 10 août à 6h pour le premier échelon, à 17h pour le second. Le régiment fait partie des ENE du 8e Corps 1ère Armée.


début du mois

11 août

Le régiment se porte de Châtel sur Remenoville. Départ de Châtel 4h. Arrivée à Remenoville 10h. Chaleur torride. Le régiment arriva très fatigué à Remenoville.


début du mois


12 août

Séjour à Remenoville. Exercices de service en campagne par compagnie. Le 210e RI est rattaché à la 15e DI (ordre général numéro 12).

début du mois

13 août

En exécution de l'ordre général numéro 12, le 210e RI se porte de Remenoville sur Gerbeviller où il cantonne ce jour.


début du mois

14 août

Le régiment, réserve de la 15e DI se porte à 2h sur Moyen, et de là, sur Vathiménil, Flin, Mesnil-Flin, puis traversant la forêt de Mandon se forme pour la nuit en bivouac à la sortie ouest d'Haillainville.


début du mois

15 août

Le régiment rassemblé à 4h va se former au rassemblement à Ogéviller, puis de là, se porte sur St Martin, en passant par Herbéviller. De là il est incorporé dans une colonne formée de la 30e brigade et de 2 groupes d'artillerie de la 11e DI, et par Chazelles, Goudrexon, Autrepierre, Repaix franchît la frontière entre Goigney et Foulcrey et revient cantonner à Repaix à 20h.


début du mois

16 août

Le régiment, soutien d'artillerie se porte :

Ils demeurent toute la journée sur ces emplacements et le régiment revient cantonner à Foulcrey à 18h.


début du mois

17 août

Le régiment est maintenu à Foulcrey.


début du mois

18 août

Hier, pour la première fois, les Allemands ont fait usage de leurs obusiers de campagne. Aujourd'hui le régiment s'est porté sur St Georges, Hertzing et Barchain et fait à l'est de ce village une grande halte qui se prolonge jusqu'à la tombée de la nuit; il se dirige ensuite sur Gondrexange où les cantonnements ne sont pris qu'à 22h et au milieu d'une grande confusion produite par les tranis.


début du mois

19 août

Départ de Gondrexange à 4h. Le régiment se dirige par Hertzing, Xonaxange sur le mamelon de Hesse au nord-ouest duquel le régiment réserve de la 15e DI prend une position de rassemblement défilée des coups des obusiers allemands. Le soir bivouac sur place. A 23h le régiment se met en marche comme réserve de la 15e DI et escorte de ses convois sur Bebing, la ferme de Rinting, et la côte 321 d'où nous assistons à une attaque de nuit sur Langatte par la 29e brigade.


début du mois

20 août

Le convoi est reporté à la ferme de Rinting puis, sous la pression des obusiers allemands dans le bois à l'ouest de la ferme.

La journée ayant été défavorable à la 15e DI le 210e RI (5e bataillon) occupe les abords nord de Kerprich aux Bois pour faciliter la retraite des éléments engagés. Le 6e bataillon était ce jour là à Hertzing de garde au QG de CA.

Le soir le 5e bataillon rentre à Héming et passe au sud du canal et dans un encombrement de tranis indescriptible gagne péniblement son cantonnement d'Higny où il arrive à 24h passée.


début du mois

21 août

Le 5e bataillon se porte sur St Georges où il reçoit l'ordre d'occuper les tranchées face à Hertzing pour contraindre l'ennemi et protéger la retraite de la 15e DI.

Le 6e bataillon qui se trouve à Landange reçoit l'ordre du général de brigade d'attaquer le pont d'Hertzing et d'en interdire l'accès aux Allemands.

Compte-rendu du chef de bataillon Harmand commandant le 6e bataillon :

  1. Mission :
    Le 6e bataillon du 210e RI installé : 2 compagnies à Landange et 2 compagnies avec la section de mitrailleuses, à la côte 315, 1km nord de St Georges reçoit à 6h20 l'ordre de garder le front de Hertzing, de bousculer l'ennemi s'il franchît ce pont et de lui faire repasser.
  2. Exécution :
    Transport du bataillon à la côte 292, 1km nord-ouest de Landrange face à l'objectif en colonne double avec de larges intervalles ou distances, section de mitrailleuses au centre, puis reconnaissance.
  3. Intentions :
    Le pont ni les abords n'étant occupés, j'ai décidé d'occuper le pont en avant avec repli sérieux en arrière. En conséquence, j'ai donné les ordres suivants :
    • 7h30 –
      • 21e compagnie capitaine Huot, franchissez le pont et allez vous établir au saillant nord de Hertzing et à la crête en avant et à droite.
      • 22e compagnie capitaine Villan et section de mitrailleuses, sous-lieutenant Violle, élève de l'Ecole forestière en position de surveillance face à Hertzing pour protéger le passage de la 21e compagnie.
  4. L'ennemi d'abord complètement dissimule a montré dès l'arrivée des premiers éléments sur leurs emplacements puis successivement :
    • 7h45 – environ 2 compagnies d'infanterie placées dans des tranchées basses et dissimulées se développant autour d'Hertzing à des distances variant de 300 à 800m.
    • 8h30 à 11h15 – des essaims de tirailleurs d'un effectifs variant entre une escouade et une section débouchant :
      • du saillant sud (306) du bois du château d'Huberville du pavillon Revernaü,
      • du bois du château d'Huberville à l'est de la route d'Héming à Hasbourg.
      J'évalue à 2 ou 3 bataillons les forces de l'infanterie ennemie.
    • 9h40 – une compagnie de mitrailleuses au saillant sud (306) du bois du château d'Huberville. Cette compagnie a peu tiré et n'est pas sortie de son couvert, son tir a été exécuté par les 6 pièces tirant simultanément.
    • 9h45 – pièces de campagne au nord de Héming.
    • 11h30 – une batterie d'obusiers légers vers la côte 304. Cette batterie venue d'Héming par la grande route de Metz a pris pour objectif :
      • la section de mitrailleuses placée dans l'un des fossés de la grande route de Hasbourg,
      • les éléments de repli de l'infanterie placés sur le même front que la section de mitrailleuses, éléments dont l'artillerie disposant au nord d'Héming n'avaient sans doute pas pu déterminer l'emplacement exact.
    • 11h30 – des groupes d'infanterie assez forts (3 ou 4 pelotons) se développant en front de combat partant du bois du château d'Huberville à l'est de la route d'Héming à Hasbourg et se dirigeant sur l'aile droite de notre ligne (21e compagnie).
    • 11h30 – des groupes d'infanterie (3 ou 4 pelotons) débouchant du saillant sud (306) du bois du château d'Huberville et se dirigeant sur Hertzing.
    • 11h55 – des groupes d'infanterie nombreux de la force d'un peloton, en colonne ou en ligne au saillant sud (306) se dirigeant lentement, prudemment sur Gondrexange puis sous le feu des éléments du bataillon qui s'était replié par la voie ferrée de Hertzing sur les 2 ponts de Gondrexange. Ces groupes s'arrêtèrent et ne poursuivirent plus leur marche en avant.
  5. L'engagement a été ainsi qu'il suit à partir du moment où la 21e compagnie s'est heurtée à l'ennemi caché dans ses tranchées :
    J'avais à ce moment 2 partis à prendre : poursuivre l'exécution de mon 1er projet pour replier la compagnie engagée et m'établir sur les pentes face au pont. J'adoptai le 1er et donnai les ordres suivants :
    • 7h55 –
      • 22e compagnie capitaine Villan : Etablissez vous sur la crête qui est à gauche du village et dans la partie gauche du village,
      • section de mitrailleuses : Repli au pont.
    • 8h20 –
      • 24e compagnie capitaine de Poulleau : Etablissez vous à la lisière nord de Hertzing, entre les 21e et 22e compagnies,
      • 23e compagnie capitaine Ienn : Repli sur les pentes face à Hertzing,
      • section de mitrailleuses : Repli sur la grande route de Hasbourg, face au pont.
    • 8h50 – organisation du repli sur la grande route de Hasbourg face à Hertzing par les éléments suivants :
      • section de mitrailleuses du 12e régiment de dragons (cette section est partie vers 11h rejoindre son corps),
      • section de mitrailleuses du 210e RI,
      • section du génie,
      • éléments du 10e et du 13e de la force d'une faible compagnie environ.
    • 10h – 23e compagnie capitaine Ienn : Etablissez vous en repli le long de la voie ferrée
    • 11h10 – l'attaque ennemi progressant et se développant particulièrement en face de notre aile droite j'ai donné les ordres suivants :
      • groupes de combats de gauche adjudants Defaux et Fontaine : Agissez de derrière le talus du chemin de fer pour prendre la ligne ennemi en flanc.
      • 21e 22e et 24e compagnie : Repliez vous.
    • 11h30 – Tous les éléments des 21e 22e et 24e compagnies se sont repliés par le pont de Hertzing sauf les 2 groupes Defaux et Fontaine qui ont effectué leur mouvement : le 1er par le pont est de Gondrexange et le 2nd  par le pont ouest. Ils ont occupés ces ponts pendant ¼ d'heure environ et ont exécuté des feux sur une infanterie en formation compacte à la côte 306.
    • 11h35 – La 23e compagnie repasse le pont sue le canal.
    • 11h30 – la section de mitrailleuses est détruite par la batterie d'obusiers placée à 1800m à la côte 304. Elle perd son chef, 1 sous-officier et 9 hommes.
    • 11h10 et 12h – entrée en action des replis.
    • 12h – tous les éléments ayant repassés le pont depuis ½ heure et l'ennemi n'effectuant aucune poursuite le chef de bataillon avec le capitaine Ienn se replient avec le dernier groupe (1 peloton environ en position à la grande route de Hasbourg).

    Une rafale d'obus salue ce mouvement, puis le silence se fait. Le feu, un feu d'une violence extrême, s'était poursuivit sans aucune interruption ni accalmie de 7h45 à 12h.

    La plupart des éléments du bataillon se replient par Landange, Aspach, ceux de Gondrexange par Hablutz et Rechicourt.

  6. A 21h le bataillon rejoignait son cantonnement à Herbéviller après avoir perdu :
    officiers tués 4
    } (compris le sous-lieutenant Violle élève de l'école forestière)

    blessés 3
    7

    disparus ...


    sous-officiers tués ...
    }

    blessés 21
    31

    disparus 6


    caporaux et soldats tués 2 (1) }

    blessés 135
    290

    disparus 153

    (1) le nombre est certainement beaucoup plus élevé, beaucoup parmi les disparus doivent être comptés parmi les tués et les blessés

    chevaux tués 6 (5 compagnie hors rang, 1 chef du bataillon)
    mitrailleuses 1 pièce, 1 culasse mobile et 1 trépied

    Le 21 août à Hertzing, le 6e bataillon du 210e RI exécutait son 1er exercice de combat. En effet, sauf quelques exercices de section, il n'avait pas été possible d'exécuter aucun exercice de bataillon ou de compagnie. Néanmoins, grâce à l'entrain et au dévouement de tous, toute l'action s'est déroulée absolument comme au cours des manoeuvres. J'ajouterai même qu'elle s'est faite avec plus de calme et de précision.

    Les officiers et les sous-officiers ont largement accompli tout leur devoir et leur exemple a été suivi par les soldats tous réservistes. C'était un spectacle impressionnant et réconfortant que présentait le bataillon formé en front de combat bien en ordre, les hommes dans la main de leurs chefs, résistant à des forces très nombreuses, attaquant même à certains moments et ne se repliant qu'après plusieurs ordres successifs. Cette ardeur au combat et cette ténacité sont pleines de promesses pour l'avenir.

    Observations diverses :
    Le feu de l'infanterie allemande est ininterrompu et peu ajusté.
    L'infanterie allemande n'a pas recherché la décision par le combat à la baïonnette.
    Infanterie et artillerie agissant en liaison permanente intime, étroite : il est vrai qu'entre 9h et 12h, l'artillerie allemande pouvait le faire librement puisque notre artillerie s'était repliée.
    L'infanterie allemande ne montrait aucun mordant, derrière des points d'appui, tranchées parfaitement dissimulées, elle a procédé par essaims de formes irrégulières, lancées de direction différentes, les tirailleurs à de grands intervalles (chaînes claires de 3 à 4 pas) la ligne augmentant de densité au fur et à mesure qu'ils gagnaient du terrain en avant grâce aux renforts successifs et à l'action convergente des essaims.
    L'infanterie a plus de métier, plus d'automatisme que d'entrain et d'initiative. La compagnie de mitrailleuses agit par un feu simultané de ses 6 pièces.
    Notre artillerie nous a fait éprouver quelques pertes. C'est elle qui, je crois, a couché sur le sol, ce que nous avons appelé "la section des hommes morts", celle qui, le combat terminé inspirait encore aux allemands une crainte suffisante pour les empêcher d'avancer.

    Sans nouvelle du bataillon Harmand, le 5e bataillon avait cantonné à Huberviller. Dans la soirée et dans la nuit, le 6e bataillon rejoint diminué de 20% le 5e bataillon.


début du mois

22 août

Ce midi, départ pour St Clément où cantonne le régiment.


début du mois

23 août

La division se retire par une marche de 30km sur la ligne Damas aux Bois, Moriville où elle doit se fortifier et reprendre haleine. Le 210e RI cantonne à Moriville. La 19e compagnie, capitaine Godard, est dirigée sur Portieux pour garder les ponts de la Moselle.


début du mois

24 août

Repos à Moriville.

16h00 – Prise d'armes. Le 210e RI se dirige sur Essey la Côte. L'offensive est reprise. Duel d'artillerie de 16h à 20h00 – Cantonnement d'alerte à Damas aux Bois.


début du mois

25 août

Réveil à 3h. Marche sur St Boingt. Le 210e RI appuie une attaque du 134e RI sur Rozelieures et le bois de Réthimont. Au moment où le bataillon Brusset pénétrait dans Rozelieures, le 134e RI recule en désordre vers 9h, entraînant le 210e RI : les capitaines Capitain est blessé, de Marmier est tué ainsi que 2 officiers de réserves Valette et Escoffier. Une centaine d'hommes sont tués ou blessés. Le 210e RI est rallié à St Rémy pour en tenir les croupes. Le bataillon Harmand tient toute la journée dans le bois de Lalau et arrête avec l'appui d'un bataillon de chasseurs l'offensive ennemi. Le soir, bivouac, en avant de St Rémy dans les tranchées.


début du mois

26 août

Le lieutenant-colonel Tisserand est nommé au commandement du 27e RI.

Le chef de bataillon Brusset est nommé au commandement du 210e RI.

Continuation de l'offensive sur Rozelieures et du bois de Réthimont. Le 210e RI est dirigé sur Essey la Côte. Vers 11h le bataillon Harmand reçoit l'ordre d'occuper les tranchées au nord du village : violent bombardement par les obusiers allemands. Le commandant Harmand est tué vers 16h, une vingtaine d'hommes sont tués ou blessés. Au 5e bataillon, vers 17h, un obus nous tue 9 hommes et en blesse 11. Le régiment se replie à 500m en arrière puis, à la nuit, vient cantonner à Essey la Côte.


début du mois

27 août

Continuation de l'offensive sur le front Remenoville, Vallois, Moyen, Gerbeviller. L'ennemi recule sur Xafféviller, St Pierremont, Moyen. Le 210e RI se porte sur Vennezey en réserve de la 15e DI. Cantonnement à Essey la Côte.


début du mois

28 août

L'ennemi reprend l'offensive sur Doncières, Roville aux Chênes. Cette offensive est arrêtée par la 16e DI. La 15e DI prend l'offensive sur le front Vallois, Magnières. Les Allemands reculent. Le 210e RI est placé en réserve au pont de Vennezey. Un détachement de 100 hommes et 3 officiers du dépôt rejoint le régiment pour remplacer les pertes. Comme il est trop considérable, on forme avec l'excédent (284 hommes et 1 adjudant-chef) un détachement chargé de déblayer et assainir le champ de bataille de Rozelieures. Le soir cantonnement à Vennezey.


début du mois

29 août

Reprise de l'offensive qui se heurte à une position (Moyen, Domptail) très fortifiée et que l'on ne peut attaquer sans pièce de siège. Le 210e RI est placé en réserve sur les crêtes de Girivillers qu'il fortifie. Cantonnement à Girivillers et Essey.

Position du 29 aout 1914 au 3 septenbre 1914
Position défensive organisée par le 210e RI au nord-est de Girivillers du 29 août au 3 septembre


début du mois

30 août

Même situation pour l'ensemble de la division et le 210e RI.

Par ordre de ce jour, sont promus ou nommés sous-lieutenants à titre temporaire à compter du 1er septembre :

Armée d'active

Réserve


Par ordre numéro 1 et 2, le chef de bataillon commandant le 210e RI nomme à la date du 1er septembre 1914 :

Adjudants

Sergents majors


début du mois

31 août

Même situation. Même cantonnement. Le régiment exécute des tranchées pour 2 bataillons sur les crêtes au nord-est de Girivillers à cheval sur la route de Mattexey et de Seranville, à gauche les ouvrages se relient à ceux du 70e bataillon de chasseurs sur les pentes sud du bois du Haut du Mont. A droite vers le bois de la Horne avec la 16e DI.


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