210e Régiment d'Infanterie


HISTORIQUE

du

210e d'Infanterie




DIJON
IMPRIMERIE R. DE THOREY
5, rue docteur Chaussier, 5


1922



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CHEFS DE CORPS
du 210e Régiment d'Infanterie

Lieutenant-colonel Tisserand, du 2 août 1914 au 25 août 1914.

Lieutenant-colonel Brusset, du 26 août 1914 au 31 octobre 1914.

Lieutenant-colonnel de Malleray, du 8 novembre 1914 au 29 mars 1916.

Lieutenant-colonnel Martin, du 8 avril 1916 au 10 mai 1917.

Lieutenant-colonnel Malandrin, du 11 mai 1917 au 22 avril 1919.

Lieutenant-colonnel Foriel Destezet, du 23 avril 1919 au 1er septembre 1919.



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HISTORIQUE
du
210e d'Infanterie


pendant la guerre 1914-1918

La mobilisation - transport de concentration

Le 210e RI, se mobilise à Auxonne du 2 au 8 août 1914, dans un ordre parfait, avec un entrain et un esprit de discipline qui devait, plus tard, le distinguer au cours de la campagne.
Le 9 août, le régiment entièrement constitué, habillé et équipé, à l'effectif de 2240 gradés et hommes sous le commandement du lieutenant-colonel Tisserand, est dirigé sur Châtel sur Moselle, où il débarque le 10 août. Il fait partie du 8e corps d'armée (Ière armée).

Premières étapes

Combats d'Hertzing, Rozelieures, Essey la Côte

Dès le 11 août 1914, le régiment commence ses dures étapes ; sur Remenoville d'abord où il est rattaché à la 15e DI, puis successivement sur Gerbevillers, Vathiménil, la forêt de Mondon et à Hablainville.
Le 15 août, incorporé dans une colonne formée par la 30e brigade et par 2 groupes d'artillerie, il franchit la frontière entre Goigney et Foulecrey, puis revient cantonner le même jour à Repaix. Le lendemain il se porte en soutien d'artillerie à Foulecrey, y cantonne le 17 et y reçoit pour la 1ère fois, les coups des obusiers allemands.
Placé en réserve de division, le régiment continue, le 18, ses étapes, se porte successivement sur St Georges, Hertzing, Barchain et Condrexange, puis, escortant les convois de la 15e DI, se porte sur Bebing, la ferme de Rinting et la cote 321 d'où il assiste à une attaque de nuit sur Langatte, menée par la 30e brigade (20 août).
Cette attaque, n'ayant pas été favorable à la 15e DI, les éléments engagés sont contraints de se retirer ; ils sont protégés dans leur mouvement de retraite par 2 bataillons du 210e qui reçoivent chaqu'un une mission spéciale : pour le 5e bataillon, celle d'occuper les tranchées face à Hertzing. Pour le 6e bataillon, celle d'attaquer, s'il y a lieu, le pont d'Hertzing et d'en chasser les Allemands puis d'en défendre l'accès.
En exécution de cet ordre, le 6e bataillon, commandé par le chef de bataillon Harmand, se porte, le 21 août, à 6 h 30, vers le pont d'Hertzing qu'il trouve inoccupé. En présence de cette situation, le commandant du 6e bataillon décide d'occuper la crête en avant du pont ; mais les éléments engagés pour cette opération, se heurtent bientôt à l'ennemi qui s'était dissimulé complètement dans les tranchées. Le combat s'engage rapidement ; les forces ennemies qui se dévoilent peu à peu, se montrent très supérieures et obligent les éléments du 6e bataillon à se replier en deçà du pont.
À 12 heures, le repli est complètement achevé et l'ennemi qui n'effectue aucune poursuite, cesse son feu qui, sans interruption, durait depuis 7 heures 45. A 21 heures, le 6e bataillon regagne Herbevillers, où il rejoint le 5e bataillon.
Le 23 août, la 15e DI, se retire en effectuant une marche de 30 km sur la ligne Damas aux Bois, Moriville qu'elle doit fortifier tout en reprenant haleine.
Le régiment cantonne à Moriville, puis à Damas aux Bois, le 24, qu'il quitte le 25 à 3 heures du matin pour se diriger sur St Boingt où il appuie une attaque du 134e RI sur Rozelieures et le bois de Rethimont. Le 5e bataillon, commandé par le chef de bataillon Brusset, qui pénètre dans Rozelieures est entraîné par le recul rapide du 134e RI violemment contre-attaqué par l'ennemi. Le 5e bataillon, après avoir subi des pertes sévères, est rallié à Saint-Rémy pour y tenir les croupes. Le 6e bataillon tient toute la journée dans le bois de Lalau et arrête, avec l'appui d'un bataillon de chasseurs, la contre-offensive ennemie.
Le 26 août, l'offensive est reprise sur Rozelieures et le bois de Rethimont par la 15e DI. Le 210e RI est dirigé sur Essey la Côte où le 6e bataillon reçoit l'ordre d'occuper les tranchées au nord du village et essuie un très violent bombardement par les obusiers allemands qui lui occasionne des pertes très graves.
Le 27, le régiment commandé par le lieutenant-colonel Brusset, placé en réserve de division, se porte sur Vennezey, qu'il occupe également le 28. L'offensive de la 15e DI, s'étand heurtée le 29 août à une position très fortifiée, le 210e est placé en réserve sur les crêtes de Giriviller avec mission de les fortifier.
Le 4 septembre, le régiment se porte sur Essey la Côte pour contribuer à l'organisation d'une position de repli, sur le front de St Boingt, Damas aux Bois. Il reste dans cette région jusqu'au 13 septembre, date à laquelle l'ennemi ayant battu en retraite, il reçoit l'ordre de se rendre à Bayon, puis à Charmes pour être embarqué en chemin de fer.


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St Mihiel, Bislée, bois d'Ailly, bois Brûlé, Apremont, La Louvière

Le 210e RI, embarqué le 15 septembre à Charmes, arrive le même jour à St Mihiel et va cantonner à la caserne Canrobert où il passe la journée du 16 au repos.
Le 17, il est désigné pour occuper les avant-postes destinés à couvrir le rassemblement de la 15e DI. Le 19 septembre, après relève, il fait étape à St Mihiel, à Chaillon et à Heudicourt, puis brusquement reçoit l'ordre de revenir et d'aller embarquer à Lérouville.
L'embarquement en chemin de fer a lieu le 20 septembre ; le régiment débarque à St Menehould et va cantonner à Chatrices où il est mis à la disposition de la 29e brigade pour contribuer à l'organisation des positions au sud de la voie ferrée de Dombasle.
Le 29 septembre, quittant subitement la 29e brigade, le régiment revient dans la région de St Mihiel ; le 5e bataillon (commandant Godard) est envoyé aux avant-postesà Bausette et Miernis jusqu'au 5 octobre où il va cantonner à Sampigny, puis à Koeur la Grande, le 7 octobre ; le 6e bataillon (commandant Yenn), reçoit la mission de continuer des travaux d'organisation à Malimbois.
Le 2 octobre, la 22e compagnie est chargée de s'assurer de l'existence d'un pont de bateaux construit par les Allemands en amont du pont en pierre de St Mihiel et de le détruire. Cette mission réussit parfaitement.
Le 7 octobre, à 18 heures, le 6e bataillon en entier reçoit l'ordre d'occuper Chauvoncourt et de détruire un pont de bateaux en aval du pont fixe. Par une nuit très noire, le 6e bataillon se met en mouvement en prenant ses dispositifs de combat, mais il se heurte bientôt à des réseaux de fils de fer barbelés, et à un feu violent partant des casernes ; il est obligé de se replier sur Malimbois dont il occupe les tranchées jusqu'au 13 octobre.
Le 9 octobre, attaque générale sur tout le front du 8e corps d'armée. Le régiment est alerté. Le 10, à minuit, il envoie la 19e compagnie à Bislée pour renforcer une compagnie du 85e RI violemment contre-attaquée. Cette contre-attaque est repoussée. La 20e compagnie est également envoyée à Bislée à 4 heures du matin avec une section du génie pour construire une passerelle.
À 22 heures, la contre-attaque ennemie se déclenche à nouveau, soudaine et violente, mais après un léger recul sur le village et la défense héroïque du cimetière de Bislée par les éléments du 210e RI, l'ennemi est arrêté, puis mis en fuite.
Le 18 octobre, le 6e bataillon reçoit l'ordre d'attaquer en 3 colonnes, le croisement des routes de Bislée au fort du Camp des Romains, le bois Carré et la ferme de Mont Meuse. Ces objectifs ne sont pas atteints, mais le bataillon s'accroche à moins de 200 mètres de l'ennemi et organise des tranchées qui sont violemment bombardées le 19 octobre, nous occasionnant des pertes très sérieuses. Ces tranchées sont occupées alternativement par les 2 bataillons.
Le 30 octobre, le bivouac de repos du bois de Barmont est transféré à Koeur la Grande, où se trouve le PC du chef de corps. Le lieutenant-colonel Brusset, commandant de 210e RI y est grièvement blessé le 31 octobre et meurt des suites de ses blessures le 17 décembre 1914, à l'hôpital mixte de Commercy.
Le 17 novembre, le 6e bataillon appuie par une attaque sur le ferme de Mont Meuse et le bois Carré, une attaque de division sur Chauvoncourt restée sans résultat.
Le 25 novembre, le 210e RI, commandé par le lieutenant-colonel de Malleray, est relevé de ses tranchées pour faire partie d'un autre secteur : le "secteur des bois".
Le 26, le régiment se rend aux abris de la Commanderie, située sur la route Mécrin Marbotte où il est placé en réserve. De 5e bataillon, cependant pousse jusqu'à l'étang de Ronval et la cote 360 pour soutenir l'action du 19e et 20e compagnies qui, mises à la disposition du commandant du secteur, avaient reçu l'ordre d'attaquer les positions ennemies. Cette attaque renouvelée le lendemain par tout le 5e bataillon, ne donne aucun résultat.
Du 29 novembre au 9 décembre, le régiment occupe la redoute du bois Brûlé, puis les tranchées de St Agnant et plateau 322 du 9 au 23 décembre.
Relevé par les 227e RI, il va cantonner à Vignot, en réserve de Corps d'Armée. Après une période de court repos le 210e en entier relève le 6 janvier, le 85e RI, au bois de la Louvière où il reste jusqu'au 15 janvier, subissant chaque jour des pertes importantes par bombardement des tranchées de 1ère ligne.
Alternant avec le 95e RI, le 210e RI, occupe du 29 janvier au 5 mars, les tranchées de la cote 322 et de la Sablière, face à Apremont, puis jusqu'au 5 juin les tranchées de la Louvière.
Le 10 juin, mis à la disposition de la 15e DI, le régiment reçoit l'ordre de relever le 134e RI dans le secteur de la rive gauche de la Meuse. Le mouvement s'opère pendant la nuit du 10 au 11 et du 11 au 12 juin ; le 5e bataillon relève dans la zone du canal, un bataillon du 134e RI, le 6e bataillon prend les tranchées dans la presqu'île de Bislée. Ces 2 bataillons restent en secteur jusqu'au 18 juillet, alternant avec le 134e RI.
Le 18 juillet, le 5e bataillon, quittant le secteur rive gauche, relève dans le secteur du bois Mulot, un bataillon du 27e RI, tandis que le 6e bataillon relève le 27 juillet dans le secteur de Vaux - Ferry ; un bataillon du 10e RI. Le lendemain de cette nouvelle occupation, l'ennemi prononce une forte attaque sur tout le front bois Mulot - Vaux - Ferry ; il est arrêté et repoussé par les feux d'artillerie et d'infanterie.
Le 8 août, le 210e est affecté au 31e corps d'armée. Il quitte le secteur de la 15e DI et le 8e CA, dans la nuit du 7 au 8 août.
Depuis le 16 septembre 1914, le régiment se trouvait ainsi dans la région de St Mihiel et de la forêt d'Apremont. Durant ces 11 mois d'occupation de secteur, nombreux sont les souvenirs qu'évoquent des noms tels que Bislée, bois Brûlé, la Louvière, Apremont, pour tous ceux qui ont suivi le 210e dans toutes ces étapes si pénibles et si dures ! Ces noms resteront gravés, dans l'esprit de chacun, car ils constituent un ensemble de courage, d'abnégation, de sacrifice et d'endurance qui a fait l'honneur du régiment.


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bois de Mortmare - Flirey

Le 210e RI, rattaché à la 76e DI, rejoint son nouveau secteur le 10 août il est mis à disposition du colonel commandant le secteur de Flirey, face au bois de Mortmare.
Dès le 14, le 5e bataillon occupe avec 2 compagnies le sous-secteur du "centre" pendant que le 6e bataillon exécute des travaux importants en 1ère ligne sous de violents bombardements.
Le 20 septembre, le sous-secteur du "centre" et modifiée par l'adjonction du secteur "Cottiard". L'ensemble de ce nouveau secteur est occupé par 2 compagnies et demie de chacun des 2 bataillons qui concourent pour assurer la relève.
Les autres compagnies exécutent des travaux dans les sous-secteurs Barrin et Chanzy.


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Remières - Seicheprey

Le 30 septembre par suite du départ de la 64e DI retirée provisoirement du front du 21e CA, la 76e DI, reçoit l'ordre d'étendre son secteur. En exécution de cet ordre, le 210e est relevé dans son secteur de Flirey et va occuper avec un bataillon le sous-secteur de Remières Seicheprey. Les 2 bataillons du régiment concourent pour la relève de ce secteur tous les 6 jours.
Le 15 novembre une patrouille de la 21e compagnie, rencontre une patrouille ennemie dans le vallon de Jury Remières, entre les tranchées de 1ère ligne. Après une vive fusillade la patrouille allemande est mise en fuite laissant sur le terrain 2 cadavres qui sont ramenés dans nos lignes.
Le 7 janvier 1916, la 64e DI, relève la 76e DI, envoyée en réserve d'armée à l'arrière du front. Le 252e RI, désigné pour occuper le secteur du 210e relève ce régiment du 8 au 10.
Après relève le régiment vient occuper les villages de Mesnil la Tour, Jouy et le camp de l'étang de Gérard-Sas (forêt de la Reine).


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Verdun - bois d'Avaucourt

Le 21 février 1916, date à laquelle commence la grande bataille de Verdun, le régiment embarque en camions automobiles entre Aulnois et Cornieville ; il est transporté à Commercy, où il est cantonné à la caserne de Lérouville. Avec la 89e brigade dont il fait partie, il est placé en réserve du 8e CA, en attendant son tour d'aller défendre la forteresse.
Le 23 février, il est dirigé sur Sampigny où il effectue des travaux de 2e position.
Le 13 mars, la 76e DI se reformant dans la région Lignière - Dagonville - Triconville, le 210e reçoit l'ordre d'aller cantonner à Dagonville, puis par l'itinéraire Rozières, Rembercourt et St André, il arrive le 21 mars à Dombasle où, avec la 89e brigade, il est mis à la disposition du général de Bazelaire.
Le soir même sous un bombardement intense, le régiment se porte à Esnes, en réserve.
Le 22 mars, vers 10 heures, à la suite d'un bombardement violent de la 1ère ligne, au nord et au nord-ouest de la cote 304, le 210e est mis à la disposition du colonel commandant la 53e brigade.
Le 5e bataillon (chef de bataillon Sutterlin) et la 1ère CM, sont alertés.
À 16 heures, l'ennemi déclenche son attaque ; le 5e bataillon se porte à 17 heures, en arrière de la cote de 288-9 avec mission d'interdire l'accès de la cote 304 ; le 6e bataillon, alerté à 18 heures, se rend dans le boyau de la Garoupe, avec mission de contre-attaquer face au nord, un ennemi qui déboucherait de la corne est du bois d'Avaucourt.
L'attaque allemande ayant échoué, le 210e reçoit à 22 heures, l'ordre de relever sur leurs positions les bataillons du 3e RI et du 121e RI, face à la lisière du bois d'Avaucourt. Toutes ses positions ainsi que le village d'Esnes sont très violemment bombardés.
Le 23, le 5e bataillon est relevé dans ses tranchées par 1 bataillon du 163e puis vient en réserve à Esnes, pour se préparer à une attaque sur le bois d'Avaucourt ; cette attaque n'ayant pas eu lieu, le bataillon est employé aux travaux de nuit à l'ouest de la route de Haucourt, jusqu'aux 27 mars, où il est dirigé sur la ferme Verrières (forêt de Hesse). À cette même date, le 6e bataillon, relevé de ses tranchées vient cantonner à Esnes.
La 89e brigade, commandée par le colonel Collin, devant attaquer le réduit du bois d'Avaucourt, le 29 mars, les 5e et 6e bataillons du 210e RI, viennent prendre position dans les parallèles de départ.
Le but de l'attaque et de reprendre à l'ennemi une partie du bois d'Avaucourt, enlevé le 20 mars à nos troupes par la 12e division bavaroise. L'ordre est de s'emparer du réduit de la position, qui peut donner à l'ennemi accès sur les pentes où est de la cote 344, et de s'y installer solidement.
Après une préparation d'artillerie formidable, le signal de l'attaque est donné à 4 h 30.
La colonne d'attaque formée par le 6e bataillon (commandant Yenn), est disposée en colonne double, les compagnies étant elles-même en colonnes doubles de peloton, les 2 premières vagues déployées, les 2 autres en colonne d'escouade à intervalles de déploiement.
La 1ère vague d'assaut, après avoir parcouru un glacis de 500 mètres, franchit les débris des réseaux de fil de fer, aborde le bois et pénétrant dans le réduit, s'accroche à environ 30 mètres au sud sud-est de l'ouvrage de la cote 277-3. La 2e vague suivant l'itinéraire de la 1ère s'établit à environ 100 mètres à gauche du boyau de la Garoupe, au nord nord-ouest de la cote 277-3. Les 3e et 4e vagues arrivent presque en même temps que la 2e et renforcent celle-ci à gauche du boyau de la Garoupe.
Le 5e bataillon appuie le mouvement du 6e bataillon en faisant progresser dès le déclenchement de l'attaque, une compagnie dans le boyau de la Garoupe ; cette compagnie progresse sans arrêt jusqu'à la lisière du bois, enlevant successivement tous les barrages ennemis ; mais le boyau prit d'enfilade par une mitrailleuse, oblige bientôt la compagnie à se déployer, elle assure de cette façon la liaison entre le 157e RI et le 6e bataillon du 210e RI.
Les autres compagnies du 5e bataillon, se portent, à 10 heures, dans le réduit pour renforcer la position.
Le lieutenant-colonel de Malleray, qui reçoit le commandement de toutes les troupes (157e et 210e) engagées dans le réduit d'Avaucourt, fait organiser rapidement la nouvelle position pour parer aux contre-attaques ennemies. Celles-ci se produisent bientôt, toutes menées avec un acharnement inouï sous un bombardement d'une extrême violence. Chaque attaque repoussée est suivie immédiatement d'un nouvel assaut, mais toutes restent infructueuses ; l'ennemi est définitivement repoussé après de violents corps à corps, et le réduit d'Avaucourt reste la conquête des héroïques poilus du 210e RI qui, une fois de plus, venaient de prouver qu'ils étaient dignes d'être placés aux postes les plus critiques.
Cette conquête, hélas ! devait coûter au régiment la perte de son chef : le lieutenant-colonel de Malleray est tué par un obus qui lui fauche les 2 jambes, à 16 heures, à son poste de commandement qu'il venait d'installer au centre même du réduit, au milieu de ces hommes et en dépit de la violence du bombardement ennemi.
Privée de son chef, de la plus grande partie des gradés et affaibli par les grosses pertes subies au cours de cette glorieuse journée du 29 mars, le régiment est relevé le 30 et le 31 mars par le 227e RI et va, au repos, cantonner à Brocourt et dans le bois de Fays.
Le 15 avril, le 210e RI, reconstitué en partie, commandé par le lieutenant-colonel Martin, quitte définitivement le secteur d'Avocourt.


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Les Vosges

Après un repos d'un mois environ, passé à Ville-Issey, près de Commercy, le régiment reçoit, le 23 mai 1916, l'ordre d'embarquer en chemin de fer à Sorcy.
Il débarque le 24 et va cantonner à  Laveline et à Aumontzey ; il y reste jusqu'au 5 juin, puis il se rend pas l'itinéraire : la Bourgogne, Etival, Moyenmoutier dans le secteur du Rabodeau, où il relève le 7 juin, le 23e RI.
Le CP du colonel est établi à Moyenmoutier ; les bataillons occupent les secteurs de Lamdebehay et de la Forain.
Le 10 juin, le 4e bataillon du 157e RI (chef de bataillon Gros), passe au 210e RI et conserve son nouveau régiment le numéro 4.
Ce bataillon qui occupe un secteur à gauche du secteur de Rabodeau, reste sur ses emplacements jusqu'aux 9 août, date à laquelle il descend au repos à St Prayel, où il est employé à l'amélioration des 2e positions.
Le 25 août, le régiment change de secteur ; le lieutenant-colonel prend le commandement du secteur de St Jean d'Ormont, le 4e bataillon relève 1 bataillon du 163e RI, dans le sous-secteur de la Fontenelle, le 5e bataillon prend les tranchées dans le sous-secteur de Lanois - Hermanpère, seul le 6e bataillon conserve ses anciennes positions dans le sous-secteur de la Forain.
Le 27 novembre, le 210e RI, relevé du secteur de St Jean d'Ormont, se rend par étapes au camp de Saffais, où il arrive le 2 décembre ; il occupe les villages de Barbonville et de Vigneulles.
Après quelques jours d'instruction seulement, il est brusquement alerté ; il quitte le camp de Saffais le 12 décembre, pour se rendre par étapes à Charmes, embarque le 18 en chemin de fer à destination de la région de Lyon, où se rassemble toute la 76e DI, en vue de son prochain départ de France et de son rattachement à l'armée d'Orient.


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L'Orient

Le 210e RI, cantonné dans les villages de St Germain au Mont d'Or, Curis, Quincieux, se préparent activement dans les 10 jours qui suivent, à son départ pour l'Orient.
Du 3 au 7 janvier 1917, les 3 bataillons et la CHR du régiment embarquent successivement à la gare de St Germain au Mont d'Or et tandis que les 4e et 6e bataillons sont dirigés sur Toulon où ils embarquent, le 4e sur le paquebot "Médié" et le 6e sur la "Ville de Bordeaux", le 5e bataillon et la CHR, sont dirigés sur Tarente et embarquent sur le paquebot "Régina Helena".
2 autres détachements comprenant le matériel et les animaux du 5e bataillon et CHR embarquent respectivement sur le "Paul Lecas" et sur le "Torento".
Tout le régiment ainsi réparti sur 5 paquebots est dirigé sur Salonique ; la traversée, faite en cette période critique de la guerre sous-marine, s'effectue sans incident, mais non sans alerte. Les 5 paquebots arrivent dans les limites du temps fixé par l'horaire et les bataillons débarquent à Salonique les 14 et 15 janvier.
Ils sont aussitôt conduits au camp de Zeitenlik (4 km de la ville), où les hommes dressent la tente.


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L'Albanie

Le régiment quitte le camp de Zeitenlik, le 26 janvier, il a l'ordre de se rendre par étapes à Florina où il doit recevoir de nouvelles instructions.
C'est la mauvaise saison, presque toujours la pluie, la neige et le froid ; l'unique route qui mène à Florina est étroite, défoncée, boueuse et submergée même, par endroit, par la crue du Vardar.
Péniblement le régiment accomplit ses 20 à 25 km, sans jamais trouver de cantonnement à la fin de l'étape, montant toujours la tente, souvent insuffisante contre les pluies torrentielles et les bourrasques de ces régions.
Il arrive à Florina le 10 février et va bivouaquer à 8 km de la ville, sur la route de Florina à Koritza, où il reçoit la visite générale Grosetti, commandant l'AOF, qui lui donne sa mission.
Le 11 février, poursuivant sa route dans la direction de Koritza (Albanie), le régiment franchi le col de Pisoderi, recouvert d'une épaisse couche de neige, puis par l'itinéraire : Breznica, Biklista, Zemback, arrive en Albanie le 15 février.
La mission du régiment et d'appuyer le mouvement de la 76e DI, qui a reçu l'ordre de dégager la route de Koritza, en chassant les éléments ennemis qui en occupent les hauteurs, et d'assurer la liaison avec les troupes italiennes qui, partant de Santi Quaranta, viennent dans la direction de Koritza.
Le 5e bataillon (commandant Sutterlin) et la CHR, campent à Zemlak ; le 4e bataillon (commandant Henriot), est envoyé dans le secteur de Polena (cote 1250) ; le 6e bataillon (commandant Nancy), occupe Votskop, Goskova, puis les villages de Laveyar et Djonomack, précédemment occupés par les Autrichiens qui se replient. Ces 2 derniers bataillons, après relève par le 227e RI, rejoignent le régiment dans la région de Zemlack.


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Lac de Prespa (Serbie) - les attaques au Nord de Leskovets

Le 210e RI, quitte Zemlack par bataillons, du 26 février au 1er mars, suivant la route de Resna, et se rend en 2 étapes à la maison forestière du col 947 où il reçoit l'ordre de se préparer à l'attaque des positions ennemies, qui doit avoir lieu le 11 mars 1917.
Les positions ennemies sont situées au nord du village de Leskovets, entre le massif du Tomoros et le lac de Prespa ; leur altitude varie de 850 à 2000 mètres et leur accès est rendu encore plus difficile par une épaisse couche de neige qui dissimule quelques tranchées ennemies ; tranchée en V, tranchée brune, piton vert, le petit et le grand Couronné, etc.
D'après les renseignements, l'ennemi, dont la nationalité est souvent variable, y est mal organisé et paraît peu nombreux.
Le 210e RI, en conséquence, reçoit la mission de s'emparer de ses positions, de les culbuter et d'ouvrir à la 76e DI le passage qui doit lui permettre de déboucher dans la plaine de Resnay.
Pour cette attaque, le régiment est appuyé par toute l'artillerie de la 76e DI et par une section de 120 L.
Le 11 mars, à 5 heures, les 4e et 5e bataillons, quittent leurs emplacements d'attente, et se portent au pied des hauteurs qu'ils doivent attaquer, puis, à 6 heures, l'artillerie ouvrant son feu, il se dirige directement vers leurs objectifs.
Dès 9 heures, le 4e bataillon dont la marche et très gênée par la neige, est en butte de front et de flanc, au tir de nombreuses mitrailleuses ennemies établies sur les pentes est du Tomoros. Une compagnie de ce bataillon, la 15e réussit cependant à bousculer un poste ennemi, en enlevant une mitrailleuse et en faisant une quinzaine de prisonniers, tous des chasseurs saxons, puis à s'établir sur la position conquise permettant au 4e bataillon de continuer sa marche.
Le 5e bataillon après une marche aussi pénible, réussi avec l'aide du 4e bataillon, à s'emparer de la tranchée en V, principal ouvrage de la 1ère position.
L'attaque, cependant, n'avait pas réussi, suivant les espérances du commandement, une position importante avait été enlevée à l'ennemi, mais la percée pour envahir la peine de Resna, n'était pas faite.
Les attaques, pour obtenir ce résultat, sont donc renouvelées du 12 au 19 mars, toutes menées avec acharnement, faisant subir au régiment de grosses pertes et sans apporter au régiment d'autre résultat que quelques améliorations de la position. Cette position est organisée à partir du 19 mars et le lieutenant-colonel, commandant le RI, prend le commandement du sous-secteur de gauche du secteur est de la 76e DI ; les 3 bataillons sont en ligne.
Le 1er avril, après une préparation d'artillerie, l'ennemi (des Turcs) attaque à 20 h 30, le secteur occupé par le 6e bataillon ; après un combat acharné, par une nuit très noire, il réussit à prendre pied sur la position d'où il est délogé le lendemain par une contre-attaque du 6e bataillon qui reprend entièrement le terrain perdu.
Le 25 juin, une nouvelle attaque menée par des troupes bulgares se déclenche sur le poste de la "Pyramide", occupé par un détachement de la 15e compagnie. Ce poste situé à 2000 mètres d'altitude est très important ; il constitue un observatoire remarquable, permettant de surveiller l'arrière de l'ennemi, d'observer tous ces mouvements, et de bombarder efficacement tous les points intéressants de la ligne ennemie.
Pour se rendre maître de cette position, l'ennemi met en oeuvre toute son artillerie et ses minenwerfers de gros calibre. Après une journée entière de bombardement intensif, les Bulgares attaquent la "Pyramide", mais sont arrêtés devant les fils de fer par la fusillade et le jet des grenades qui les obligent à regagner rapidement leurs tranchées.
Le 27 juin, par télégramme, le général commandant l'AFO, adresse ses vives félicitations aux défenseurs de la "Pyramide".
Jusqu'aux 3 août, le RI, commandé par le lieutenant-colonel Malandrin depuis le 11 mai, poursuit sans repos l'amélioration des positions, creusant des tranchées, des boyaux et des abris dans le roc, ce qui nécessite un travail considérable à la mine et au pic, construisant des chemins muletiers sur plusieurs kilomètres de longueur et posant des réseaux de fil de fer sur une grande profondeur.
Le 4 août, le 210e RI, est relevé de son secteur par les 7e et 8e régiment d'infanterie russes.
Le régiment par l'itinéraire Biklista, Zelova, Bresnica, Florina, Klestina, se rend dans la région de Monastir où la 76e DI doit occuper un secteur.
Il arrive à Kissovo (Serbie), le 20 août, où il bivouaque jusqu'au 6 septembre.


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Monastir (Serbie) - cote 1248 (septembre 1917 - septembre 1918)

La 76e DI occupe à 5 km au nord de Monastir, un secteur important, dont la 1ère ligne suit une ligne de crête passant par la cote 1248.
Le 7 septembre 1917, 210e RI, vient prendre possession du sous-secteur "Bayard" comprenant la cote 1248. Entre les unités de ce régiment, sont intercalées des compagnies du 5e régiment hellénique placé sous le commandement du lieutenant-colonel, commandant le 210e RI.
Jusqu'au 2 novembre, il reste en secteur, améliorant les positions et subissant sans cesse des bombardements ennemis violents.
Remplacé le 5 novembre par le 157e le régiment se rend au repos dans la région Kisoro - Dragos - Holeven, où il reste jusqu'au 2 décembre, date à laquelle il vient occuper dans le secteur de Monastir, le sous-secteur "Vercingétorix", du 3 décembre au 21 janvier 1918. Puis après une nouvelle période de repos d'un mois environ, c'est la réoccupation du sous-secteur "Bayard" du 18 février au 18 avril.
Le 18 avril, le 210e RI, relevé de son secteur par le 34e RIC, se rend dans les cantonnements Kotori le Bas, Kotori le Haut et Belkamen, faisant partie avec toute la 76e DI de la réserve de l'AFO.
Après 2 mois d'instruction et de travaux de route, le régiment revient dans la région de Monastir ; il occupe, le 3 juillet, le sous-secteur "Esterel" jusqu'au 24 août où il est relevé pour venir au repos dans la région d'Holeven.


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Attaque Générale - poursuite et capitulation de l'ennemi

Au repos d'Holeven, le régiment se prépare à l'attaque générale sur le front d'Orient de toutes les troupes alliées.
Le 21 septembre, à 18 heures, il est alerté et reçoit l'ordre de se tenir prêt à attaquer l'ennemi au nord de Monastir et de le poursuivre en cas de repli.
Déjà, à la droit de la 76e DI, l'ennemi s'est replié vers le nord abandonnant la position importante de la cote 1050, sous la pression des alliés.
Le 22 septembre, à 2 heures du matin, il quitte Holeven pour Monastir, avec mission de remplacer le 1er régiment de marche, qui vient d'occuper la 1ère ligne bulgare, et de continuer l'attaque en débordant les tranchées de la "Wartha" par l'est de façon à faire tomber la dernière résistance ennemie des "Mamelons".
Le 5e bataillon (capitaine Fichot) et le 6e bataillon (chef de bataillon Legendre) franchissent donc les anciennes premières lignes françaises et exécutent la relève du 1er RM par un mouvement d'infiltration, très gêné par les tirs ennemis.
Le 23, à 3 h 30, l'attaque dirigée par le lieutenant-colonel Malandrin, commandant de 210e RI, est déclenchée, sans préparation d'artillerie, aucune batterie n'étant en mesure de soutenir l'attaque ; l'ennemi ayant éventé notre attaque, riposte par un barrage violent d'artillerie et de mitrailleuses. Malgré la puissance de ce feu, la 23e compagnie réussie à enlever les premiers éléments de la tranchée "Havel" en faisant 18 prisonniers, mais est rejetée par une violente contre-attaque ennemie.
Le 5e bataillon, d'autre part, est arrêté devant les réseaux intacts de l'ennemi.
À 4 h 50, le lieutenant-colonel, jugeant que la situation des 5e et 6e bataillons serait intenable au jour en raison des tirs d'enfilade et de flanc de l'ennemi, donne l'ordre à ses 2 bataillons de réoccuper les emplacements de départ.
Cependant, à 14 heures, par ordre du général commandant la 76e DI, l'attaque sur les mêmes objectifs est reprise, mais est arrêtée aussitôt par ordre du commandement, un régiment de la division ayant échoué dans son attaque ; les bataillons de 210e RI engagés, reçoivent en conséquence l'ordre de se replier sur les positions de départ, ils exécutent ce mouvement sous un feu très violent d'artillerie et de mitrailleuses ennemies.
Le 24 septembre, l'ennemi qui s'est montré très actif le 23, est très calme ; aucune action d'artillerie, peu de feux des mitrailleuses. Ces indices permettant de croire à un repli, des patrouilles sont envoyées dans les lignes adverses, mais elles sont accueillies à coups de fusils et de grenades.
À la suite de renseignements et de nouveaux indices faisant présager un repli général de l'ennemi, des patrouilles sont ordonnées à partir de minuit. Ces patrouilles faites par le 5e bataillon, sur les tranchées de la Havel et de Haendel sont étayées par des éléments d'attaque, destinés à se précipiter sur les tranchées ennemies dans le cas où elles seraient faiblement occupées.
Ces tranchées, d'où partaient encore des coups de feu à 23 h 30, le 24 septembre, sont abordées et enlevées sans résistance le 25 à 0 h 30, par les patrouilles offensives.
Celles-ci, sans s'arrêter, continuent à progresser et gagnent les lisières nord de Kukurécani. Le mouvement de poursuite commence à partir de 2 h 30, avec les objectifs : pont de la Semnica, Zulica puis Crnevcé.
La marche s'exécute par bonds, la nuit noire n'étant pas favorable à la poursuite et la liaison n'existant pas ni à droite, ni à gauche, en raison du terrain très accidenté et des mouvements moins rapides des autres régiments.
À 7 h 30, le 5e bataillon atteint le pont de la Semnica avant de changer de direction suivant les ordres du commandant du RI.
La marche des bataillons est reprise à 8 h 30, dans une formation très articulée, échelonnés en profondeur, avec l'ordre d'attaquer Zulica, si ce village est occupé par l'ennemi, puis Crnecvé avec le massif du "Lorgnon".
À 11 heures, le village de Zulica est dépassé, le 5e bataillon atteint, à 12 h 45, les abords est de Crnecvé et occupe complètement le camp des "Artilleurs Bulgares", situé à 1 km à l'est du village. Des renseignements fournis par les éléments de tête du 5e bataillon, les coups de feu, tirés des crêtes dominant Crnecvé, permettent de supposer l'occupation du village par les bulgares, ainsi que toutes les crêtes et le "Lorgnon" situés au nord-est et au nord ; le col de Lopatica notamment paraît fortement défendu.
À 12 h 50, l'ennemi ouvre un feu violent de mitrailleuses sur le 5e bataillon et établi autour de Crnecvé, un barrage d'artillerie très dense.
La marche d'approche est arrêtée.
L'ordre d'attaquer et d'occuper coûte que coûte Crnecvé et le "Lorgnon", est donné à 13 heures par le lieutenant-colonel, commandant le RI.
L'attaque est déclenchée à 13 h 30 sous un feu extrêmement violent ; le 5e bataillon progresse, occupe et dépasse Crnecvé vers le Sud-Ouest et le Nord, puis occupe la crête du "Lorgnon", chassant l'ennemi qui se retire vers le col de Lopatica.
A 18 h 30, le commandant du RI, donne l'ordre de s'installer solidement sur la crête du "Lorgnon", et de ne pas poursuivre l'ennemi, en raison des gros efforts fournis par les hommes qui, depuis minuit, avaient marché et combattu sans arrêt jusqu'à 18 heures, et d'autre part, afin de pouvoir attendre des renseignements sur la situation exacte des régiments voisins.
À 19 heures, les bataillons prennent donc le dispositif d'avant-postes, fin de combat, prêt à poursuivre l'ennemi.
À 20 heures, l'ennemi qui n'avait pas cessé de tirer sur les éléments établis sur le "Lorgnon", cesse son feu ; par une nuit très noire, quelques patrouilles du 5e bataillon, constatent que l'ennemi semble avoir disparu.
Le 26 septembre, à 9 heures, le régiment reçoit l'ordre d'enlever le col de Lopatica, et de défendre ce col avec la vallée de la Mramorica.
En exécution de cet ordre, le 210e RI, reprend son mouvement en avant à 11 heures.
Le 5e bataillon, franchit le col de Lopatica, sans trouver de résistance, continue sa marche vers Zagoric et s'installe en avant-postes.
Le 6e bataillon, franchi la crête 1450, traverse la vallée de la Mramorica et s'installe à l'ouest du 5e bataillon.
Le 4e bataillon, s'installe et organise la défense du col de Lopatica.
En résumé, le régiment à la suite des attaques et poursuites du 23 au 26 septembre, s'empare de nombreux approvisionnements ennemis sous casemates, particulièrement de projectiles et, de plus, oblige l'ennemi a abandonné un canon à longue portée.
Le régiment conserve sa situation au col de Lopatica, jusqu'au 27 septembre, où il reçoit l'ordre de quitter ses avant-postes, l'ennemi s'étant retiré très au-delà, et de se diriger vers la route de Prilep - Véles, où doit se reformer la 76e DI, devenue réserve d'armée.
Le 29 septembre, le régiment traverse Prilep et va bivouaquer à 3 km au nord de cette ville où il apprend la cessation des hostilités et l'armistice avec la Bulgarie.
La brillante conduite du régiment pendant les journées qui ont amené la capitulation de l'armée bulgare, est récompensé par la belle citation suivante à l'ordre de l'armée :
Très bon régiment qui, sous les ordres du lieutenant colonel Malandrin, c'est particulièrement distingué dans les journées du 22 au 26 septembre, dans l'attaque incessante menée avec acharnement, des tranchées ennemies, conquises pied à pied.
A ainsi contribué à arrêter la retraite de l'ennemi et à permettre le succès de la manoeuvre qui a déterminé la reddition des divisions placés en face le secteur de Monastir.



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A travers la Serbie et la Bulgarie - le franchissement du Danube - la Roumanie - l'Armistice

La capitulation de la Bulgarie, nous livre un matériel considérable et de nombreux prisonniers. Afin de coopérer à la garde, la surveillance et le dénombrement de cet immense butin, le 210e RI est envoyé à  Uskub, où il arrive le 4 octobre.
Dans cette ville, le régiment espérait trouver un repos justifié par le gros effort fourni depuis le début de l'offensive ; mais la chute de la Bulgarie en libérant la Serbie, nous laissait en présence d'une tâche encore bien grande, celle de chasser de ses régions les Allemands et Austro-Hongrois, qui, abandonnés par les Bulgares, avait déjà commencé un mouvement de retraite. La Roumanie notamment, notre fidèle alliée, sous le joug germanique depuis le traité de Bucarest, volée, pillée, affamée par les Allemands, attendait impatiemment sa libération qui apparaissait comme un devoir sacré pour lequel toutes les forces devaient être mises en oeuvre.
Dès le 9 octobre, après 4 jours seulement d'un repos relatif, le 210e RI reprend sa route à travers la Serbie dévastée. Les chemins sont mauvais, défoncés, les ponts détruits par les Bulgares, empêchent notre ravitaillement d'avancer. C'est alors que les difficultés des étapes à travers ces régions montagneuses, s'augmente encore par suite d'une nourriture précaire ; pendant 8 jours, faute de pain, les gradés et les hommes fabriquent des galettes avec le blé réquisitionné dans les fermes.
Par Egri - Palanka, le régiment franchit la frontière serbo-bulgare à Gjirgesevo et arrive à Kustendit (Bulgarie) le 18 octobre, où il s'installe au bivouac reprenant haleine jusqu'aux 24.
Le 25 octobre, recevant une mission spéciale, il embarque en chemin de fer à la gare de Kustendil à destination de Rustchuck.
Il arrive dans cette ville le 27 octobre, après avoir traversé toute la Bulgarie, et va cantonner à Koulata et Dolapite, 2 villages situés sur les bords du Danube.
La mission du régiment est d'interdire toute navigation sur le fleuve et d'embouteiller tous les bâtiments vers Rutchuck.
La surveillance s'exerce également sur l'autre rive du Danube, rive roumaine, toujours occupée par les troupes allemandes commandées par le maréchal Mackensen.
Le 9 novembre, des renseignements de source particulière, ayant fait connaître que les troupes allemandes d'occupation de la Valachie, ont commencé un mouvement de retraite à travers les Carpates et la Hongrie pour entrer en Silésie, le 210e RI, qui fait partie du détachement Boblet, rattaché à l'armée du Danube, reçoit la mission de passer immédiatement sur la rive gauche du Danube, à hauteur de Koulata, en attaquant les arrière-gardes ennemies, de s'emparer de la ville roumaine de Giurgiu et de se porter ensuite dans la direction du nord, vers Galugareni.
L'embarquement commence le 10 novembre, à 3 h 30, sur le vapeur "Kerna" et 2 chalands. La traversée s'opère sans incident ; le régiment débarque à 7 heures sur le sol roumain en face du village de Slobozia.
Les 4e et 6e bataillons ayant chacun leur mission, se déploient immédiatement et marchent directement sur les objectifs qui leur sont assignés :
Le 6e bataillon (chef de bataillon Legendre), sur Giurgiu, dont il doit s'emparer.
Le 4e bataillon (capitaine Aiguepaiss), sur Slobozia, puis Florica.
À 7 h 30, les premiers obus ennemis sont tirés sur le régiment par des batteries situées dans la région de Giurgiu et dans la région de Stanesti. Une canonnière armée d'un 105 m/m situé dans le canal de l'île de Ramadan, ouvre également le feu.
Le 6e bataillon, à 8 h 30, entre en contact avec l'ennemi, le chasse de l'île de Ramadan et arrive bientôt devant le pont en fer, le seul passage au sud, permettant d'entrer à Giurgiu, juste au moment où les Allemands tentent de le faire sauter. Les patrouilles envoyées immédiatement pour chercher à reconnaître l'état du pont, ne peuventt y parvenir en raison du feu violent des mitrailleuses ennemies.
En présence de cette situation, par ordre du commandant du régiment, le 6e bataillon, après avoir laissé une compagnie devant le pont, se reporte à 3 km à l'ouest de la ville, franchit le canal est à l'aide de barquettes sous le feu de l'ennemi, et arrive à 18 heures devant Giurgiu. Les Allemands se replient sous la poussée de ce bataillon qui pénètre dans la ville dont il occupe différents points.
De son côté, le 4e bataillon, poursuit sa mission, traverse un bras du Danube à l'aide de barquettes, engage un combat aux lisières de Slobozia, s'empare du village et se porte sur Florica où il arrive en fin de journée, après une marche d'approche sur un terrain dénudé et plat, balayé par les feux des mitrailleuses et des batteries allemandes.
Quant au 5e bataillon (chef de bataillon Boisseau), à la disposition du lieutenant-colonel, commandant le RI, il couvre les dispositifs des 4e et 6e bataillons.
Le 11 novembre, dès la pointe du jour, le mouvement est repris dans la direction du nord par le 3e bataillon, le lieutenant-colonel commandant le 210e RI, ayant laissé à Giurgiu, 2 bataillons du 61e RI, mis à sa disposition.
Après une journée entière de combats avec les arrière-gardes ennemies, les 3 bataillons atteignent tous les objectifs assignés au régiment en faisant un certain nombre de prisonniers allemands.
Le 11 novembre, à minuit seulement, l'annonce de l'armistice parvient au régiment qui arrête de ce fait, la poursuite de l'ennemi.
En résumé, pendant 3 jours, en dépit de ses fatigues et de la fièvre qui sévit sérieusement, le 210e RI, reprend brusquement contact avec les boches en traversant audacieusement le Danube ; il est le 1er régiment français qui fait flotter son drapeau sur le sol roumain ; il chasse les Allemands devant lui et libère une dizaine de villages et la ville de Giurgiu.
Cette brillante conduite vaut, pour le régiment, une proposition de citation à l'ordre de l'armée faite par le général Berthelot, commandant l'armée du Danube, mais cette citation, hélas, n'ait pas accordée entièrement, et seul, un additif à la précédente citation obtenue par le RI, vient commémorer le fait d'armes.
Le texte complet de la citation devient donc le suivant :
Très bon régiment, qui, sous les ordres du lieutenant colonel Malandrin, s'est particulièrement distingué dans les journées du 22 au 26 septembre, dans l'attaque incessante menée avec acharnement, des tranchées ennemies, conquise pied à pied. À ainsi contribuer à arrêter la retraite de l'ennemi et à permettre le succès de la manoeuvre qui a déterminé la reddition des divisions placées en face le secteur de Monastir.
Le 10 novembre 1918, a franchi le Danube de vive force, libérant une large partie du territoire roumain.



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Après l'armistice - dissolution du régiment

Les Allemands, ayant accepté les conditions de l'armistice, se retirent de la Roumanie par les Carpates et la Hongrie.
La mission du 210e est terminée.
Il vient occuper des cantonnements à Giurgiu et dans les villages environnants, trouvant chez les habitants un accueil enthousiaste et vraiment touchant. Au cours de son repos, le lieutenant-colonel, commandant le RI, est envoyé à Bucarest avec le drapeau et une compagnie d'honneur pour participer aux fêtes données en l'honneur du roi de Roumanie, le 1er décembre.
Les 210e quitte Giurgiu, le 25 décembre et se rend par étapes à Alexandria, où il embarque en chemin de fer, le 29 décembre à destination de la Hongrie.
Ils débarquent du 1er au 4 janvier à Szégedin et va cantonner dans les casernes et écoles de la ville en recevant l'ordre, toutefois, de se tenir prêt à toute éventualité, Szégedin formant une tête de pont en avant de la ligne de démarcation et d'autre part, en raison de la révolution bolchevique qui commence à couver.
Le 21 mars, à la suite de renseignements précis et de plusieurs réunions politiques laissant présager des incidents graves, le régiment est alerté. Le lendemain matin, dès 6 heures, les Hongrois bolchevistes et les troupes hongroises bolchevisées, ayant arrêté plusieurs soldats français en corvée et ayant pris une attitude nettement agressive, le lieutenant-colonel Malandrin, commandant les troupes françaises de Szégedin, donne l'ordre de se tenir prêt à combattre et de renforcer les différents postes de la ville. Ces renforts se heurtent pour la plupart, aux troupes hongroises qui ouvrent le feu sur les détachements français. Tous les postes du 210 RI, sont attaqués, notamment le poste de la prison, où une section garde 15 prisonniers russes bolchevistes.
À 17 heures, la situation paraissant s'aggraver, le lieutenant-colonel Malandrin, donne l'ordre aux 210e RI d'occuper un secteur de défense en ville, en liaison à droite et à gauche avec 2 bataillons du 54e RIC, venus de Széged pour renforcer le régiment avec ordre de tirer sur toutes troupes hongroises armées.
À la suite de ces mesures, la situation s'améliore et vers 19 h 30 le feu cesse de toutes parts.
Le 23 mars, à 1 h 30, tous les postes sont dégagés et dans la journée, peu à peu, la ville de Széged reprend sa physionomie normale.
En raison de la nouvelle situation créée par les troubles bolchevistes, la tête de pont de Szégedin est avancé de 10 km au nord et, tenue par le 157e RI et le 210e RI, qui occupent leur nouveau secteur dès le 28 mars.
Pendant 3 mois, le 210e RI, commandé par le lieutenant-colonel Foriel Dartezet, depuis le 23 avril, occupe ainsi un secteur qu'il organise défensivement  jusqu'au 29 juin, où il est relevé par le 12e RIT.
Cette date lui apporte aussi la nouvelle de sa dissolution.
Dissous à la date du 1er juillet 1919, le 210e passe tout son effectif au 16e RTA, qui se constitue à la même date.
Son drapeau, après avoir été ramené en France, participe aux fêtes du 14 juillet 1919, puis, est porté à Auxonne, et déposé au dépôt du 10e RI.


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